Robin – nous le vérifions surtout le jeudi, quand Enzo est là – a une position difficile dans la fratrie. Il est pris entre les jumeaux, qui par la force des choses nécessitent beaucoup de temps et d’attention, et Enzo qui tient bien sa place d’aîné.
Il a bien intégré le fait que cet été il va commencer l’école et dit s’en réjouir. Surtout qu’il connait quelques-uns de ses futur(e)s camarades par la crèche et qu’il y en a même l’une ou l’autre dans son quartier, dont Fantine. Du coup depuis quelques temps il s’intéresse aux lettres, aux mots, aux chiffres et aux nombres. Assez soudainement il a commencé à apprendre à écrire son nom. Il reconnaît des lettres ici et là et demande même comment tel ou tel mot doit s’écrire (en l’occurrence, dans ce cas, c’est surtout de détacher les différents sons du mot qui l’intéresse). Il repère ainsi certaines lettres qui interviennent. De même il prête attention aux chiffres qu’il reconnaît de mieux en mieux même dans des graphies différentes et aime s’exercer à la lecture des nombres. (C’est surtout l’indicateur numérique de vitesse dans ma voiture qui lui en fournit l’occasion). Il multiplie les questions comme : – Ça fait combien 3 et 1 ? (31, bien sûr). En revanche il n’est encore pas très sûr du sens de lecture (13 ou 31 ?) et peine à nommer toutes les dizaines. Il compte aussi de mieux en mieux mais se trompe quand même encore parfois.
Indéniablement il progresse et grandit. Pourtant il se voit mal renoncer à sa lolette ; dès qu’il commence à ressentir quelques signes de fatigue il va la chercher. Il en va de même pour son chien-doudou. Aussi précieux et indispensable qu’informe !
Autant ça l’arrange bien, parfois d’être ou de jouer à être encore le petit, autant à d’autres moments il manifeste son désir d’être un grand : Il revendique – surtout avec nous – de ne plus avoir besoin de faire une sieste (et pourtant !), il veut se servir seul et remplir lui-même son verre de boisson (aïe, catastrophe quasi-assurée), il demande à jouer, p.ex.au UNO ou au jeu d’échelle, mais peut s’en lasser assez vite et « gagner » (oui, en effet, dans ces moments-là, il ne répugne pas à tricher un peu), il profite enfin de certaines occasions pour imposer ses choix (nous faire ou non des bisous à notre arrivée ou quand nous partons, participer ou non à la balade le jeudi matin pour ne citer que deux exemples répétitifs.
Bagage indispensable pour aller garder Robin et ses frères et soeur : la boîte de jeux (qui porte les stigmates de son âge !)
Dans cette position intermédiaire, il peut être un partenaire de jeu bienvenu pour Enzo et se faire rabrouer parfois rudement par ce même Enzo (qui mesure assez mal sa force face à Robin). Il adore ses petits frère et soeur et veut bien en prendre soin, mais peut être assez maladroit envers eux, voire même les considérer en rivaux – et se montrer rude surtout envers Malo quand ils partagent leurs jeux, jouets et …écrans.
La grande chance de Robin et d’Enzo aussi d’ailleurs, c’est d’avoir dans le quartier de nombreux copains/copines de leurs âges dans des familles très sympas qui s’entendent bien entre elles et avec leurs parents. Parmi ceux/celles-ci, il y a bien entendu Fantine, la « femme » de Robin.
Aujourd’hui encore elle est venue le chercher pour jouer. Dialogue pendant qu’il enfilait ses chaussures :
- Tu viens jouer, alors ?
- Oui, j’arrive, je mets mes chaussures.
- On joue au papa et à la maman !
- Ouais, d’accord.
- On disait que j’étais la maman…
- D’accord, moi j’étais le papa.