Gares et trains restent un centre d’intérêts puissant pour Enzo. C’est vrai pour son train en bois :
C’est vrai qu’Enzo a plutôt tendance à papillonner d’un jeu à l’autre, d’une occupation à une autre, d’un centre d’intérêt à un autre à une cadence assez élevée. Il n’est pas rare qu’il délaisse même quelque chose qui le passionnait parce que tout à coup un élément nouveau l’a frappé. C’est un vif argent.
Mais Enzo s’intéresse autant aux trains grandeur nature. Il est toujours partant pour passer quelques instants à la gare, que ce soit à Glovelier, à St-Ursanne, à Alle, à Courgenay ou à Porrentruy. Tout ce qui s’y passe l’intéresse.
Par extension on pourrait dire (j’avoue que c’est un peu capillotracté, mais ça m’arrange) qu’Enzo aime aussi le train-train (quotidien) dans la mesure où en ce moment il est sensible aux rites et rituels.
Voici encore quelques instants particuliers et quelques bons mots :
• Arrivant chez nous un matin, il s’explique :
– Avais préparé mes affaires mais avais pas le croit de prendre mon casque, ma balle, mes patins à roulette, ma canne pour jouer… »
Le hockey, ça se joue chez lui car là se trouve tout l’équipement nécessaire.
• Un jour que Vincent partait pour aller à son stage à l’hôpital, Enzo s’étonne :
– T’as pas de moches habits (=salopette), jourd’hui ?
La même expression revient quand il parle d’Olivier le paysagiste qui venait planter des arbres :
– Olivert a un grand chapeau et de moches habits.
• En route pour Genève, nous traversons les Franches-Montagnes enneigées. Soudain il se demande :
– Comment on enlève la neige dans les champs?
• Il lui arrive de parler de son passé. Cela peut être en parlant de Fontenais (il a souhaité une fois ou deux aller voir son ancienne maison à l’occasion d’une prodanne). Mais cela se marque aussi par des souvenirs de langage :
– Quand j’étais petit, je disais pizzane; maintenant e dis pizza.
Il enregistre et relève souvent ce qu’il remarque de l’enchaînement des saisons.
Un grand et marquant souvenir, c’est l’Autocross et/ou le Critérium jurassien. Il rappelle et revient souvent sur les scènes qu’il y a vécu et qui l’ont frappé : Le bruit des moteurs dans les rues de St-Ursanne qui lui a fait peur. Le Burri qui les éclabousse en passant dans une flaque, le Piou qui a fait un tonneau et dont le coffre s’est ouvert, la voiture blanche qui a dérapé et foncé contre un arbre etc
• Un mardi, il passe la fin de la journée chez nous. Je lui dit :
– Ce matin, tu ne n’as pas vu, mais je suis venu te garder…
– Ah! C’est pour ça que Maman a mis sa voiture à la piace de celle de Papa.
Fine mouche, il avait remarqué cela. C’est que chacune des deux voitures a sa place, c’est quasi rituel !
• Au moment d’aller se coucher pour la nuit, il convient de ne pas oublier le rituel anti-cauchemar. Il en a sa version propre :
– Maurais vêve. Maurais lêve. Va-t-en ! Joli rève, joli rêve, viens dedans.
• Comme il passe une phase où ça l’ennuie parfois de dire bonjour et au-revoir, Pauline un jour insiste :
– Viens dire au-revoir et faire un bisou.
Enzo qui finit de jouer :
– Pas le temps!
Ces bons mots, quel plaisir de les lire et de les relire! Concernant son rituel au moment de dormir, il y a eu un léger changement! Papa disait « joli rêve, joli rêve, viens dedans » et maman « joli rêve, joli rêve, viens tout doucement ». Enzo a donc décidé du jour au lendemain que « viens tout doucement lui convenait mieux et il ne manque pas le le rappeler à son papa s’il venait à se tromper!