Leurs parents étant invités à un anniversaire, Enzo et Robin viennent passer la nuit chez nous. Comme Robin ne semble pas vouloir se sentir à l’aise dans le petit lit, il passe la nuit dans le nôtre. Ce qui fait que, bien que je ne connaisse que trop bien les nuits-salami (découpées en petites tranches), j’ai découvert maintenant le concept de la nuit-confetti (découpée en d’innombrables petits morceaux) ! Bah. un bonne sieste après dîner suffira à remettre les choses en place.
Au cours de cette soirée et de cette matinée passées ensemble, Enzo à deux reprises m’a fait des réflexions qui m’ont surprises. Nous avons bien entendu, entre autres choses, joué plusieurs parties d' »Uno ». Cela devient un automatisme, voire quasiment un rite. À un certain moment on parle de (grands) nombres de points. Il me dit :
– Il ne faut pas confondre cent-huit et huit cents ; ce n’est vraiment pas la même chose !
Pertinent, mais pour le moins inattendu de la part d’un enfant qui n’a pas encore 6 ans… Manifestement pour lui le nombre est caractérisé par la sonorité des mots plutôt que par son écriture avec des chiffres (il y a dans 108 un chiffre qui n’apparaît pas dans 800).
Enzo a également joué sur l’iPad. Voilà qu’au milieu d’une partie de simulation de match de hockey sur glace (qui l’eut crû ?), il me dit :
– Ah ! Le joueur numéro 6. C’est un numéro de fille, ça !
Surpris, je le relance :
– Un numéro de fille ?
– Ben oui, un numéro de fille. Comme par exemple 6 ou 4 ou 10. Il y a aussi des numéros de garçon.
– Ah bon ? Lesquels ?
– Ben 3 ou 7 ou 5, c’est des numéros de garçons.
– Pourquoi ce seraient des numéros de garçon ?
– Je ne sais pas. Ces numéros font penser à des garçons ou bien font penser à des filles.
– Mais alors, il y a d’autres numéros de garçon ou de fille ?
De fil en aiguille il m’énumère les premiers « numéros de garçons » (1, 3, 5, 7, 8, 11, 13…) et les « numéros de filles » (2, 4, 6, 10, 12…). Je lui apprend alors que ce qu’il appelle « numéro de fille » sont appelés nombres pairs et les « numéros de garçon » nombres impairs. À la seule exception du 8.
– Et alors, il y en a beaucoup ? Desquels il y en a le plus ? Combien il y en a ?
Je n’insiste pas sur la notion d’une quantité infinie de nombres pairs tout comme de nombres impairs. Mais je reste assez interloqué devant cette surprenante histoire de numéros de fille ou de garçon. D’où cela peut-il bien lui venir ? Et pourquoi cette exception du 8 ? À ses yeux, cette différence semble pourtant évidente et « logique ». J’ai bien pensé aux numéros de tous les maillots qu’il a porté lors de ses différents tournois de hockey, mais je ne vois pas non plus là d’explication claire.
Le mystère reste entier.
Très surprenant tout ça! Je lui en ai parlé ce soir en soupant, lui demandant qui lui avait expliqué cela. Il m’a simplement répondu : « ben c’était dans ma tête c’est venu tout seul! »!